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Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

L'implantation des SHA, « une révolution »


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Lundi 14 Novembre 2022 à 09:40 | Lu 1349 fois


Pour mieux accompagner les nouveaux gestes invasifs issus des avancées thérapeutiques, les hygiénistes hospitaliers comptent poursuivre et renforcer leurs actions de prévention afin que « l'infection à l'hôpital ne soit pas une fatalité », nous explique le Dr Olivia Keïta-Perse, chef du service d’épidémiologie et d’hygiène hospitalière du Centre Hospitalier Princesse Grace de Monaco.



Quelles sont, selon vous, les principales innovations de ces quinze dernières années ?
Dr Olivia Keïta-Perse : Si je ne devais retenir qu'une seule avancée, ce serait certainement la place prise par les solutions hydro-alcooliques (SHA) au sein des pratiques hospitalières. En matière d’hygiène des mains, c’est non seulement une innovation majeure, c’est une révolution. Mais notre spécialité a également connu d’autres innovations, comme le développement de matériel d’injection sécurisé pour mieux prévenir les accidents d'exposition au sang, ou de nouveaux types d’abords veineux plus performants. Ces solutions ont d’ailleurs été rapidement adoptées et ont eu un impact énorme sur les pratiques. Cela dit, les évolutions de ces dernières années ne sont pas uniquement techniques. Notre spécialité elle-même a changé, elle s’est en quelque sorte professionnalisée. Longtemps, les hygiénistes hospitaliers s’en sont tenus à des dogmes. Aujourd’hui, nous nous basons de plus en plus sur des recherches, notamment bibliographiques, pour appuyer nos recommandations. Cette approche nouvelle a certainement contribué à améliorer la qualité de nos préconisations.

À quels enjeux fait aujourd’hui face votre spécialité ?
Après deux ans et demi de pandémie et une prise de conscience généralisée quant à l’importance des mesures d'hygiène et des actions de prévention, je dirais que nous sommes aujourd’hui dans une sorte d’ambivalence. D’un côté, l’hygiène hospitalière a été très médiatisée et s’est fortement impliquée dans le fonctionnement des hôpitaux, mais de l’autre, l’épidémie de COVID a généré une sorte de « ras-le-bol » concernant les mesures de prévention vécues comme des contraintes supplémentaires. Il nous faudra donc à la fois continuer à capitaliser sur ces deux dernières années, mais aussi tenir compte de cette fatigue exprimée par certains professionnels, en ville comme à l’hôpital. Ce double enjeu nous impose de trouver un équilibre, d’actionner les bons leviers pour que la dynamique ne s’essouffle pas.

Quelle est votre vision de l’avenir ?
Parce que nous devons le meilleur à nos patients, nous devons continuer à avancer dans la prévention des infections associées aux soins. L'infection à l'hôpital ne doit pas être une fatalité, tout comme la douleur a arrêté de l’être. Nous devons donc poursuivre nos actions, même si le nombre de personnels présents et les moyens alloués ont tendance à diminuer. À l’avenir, un recours hospitalier plus court, et une augmentation des soins en ville, vont certainement se traduire par des changements importants dans nos pratiques et recommandations. De même, la technicité, l’automatisation et l’informatisation vont prendre une place toujours plus importante à l’hôpital, facilitant et allégeant le travail des soignants, mais imposant aussi de nouveaux gestes. L’hygiène hospitalière va donc devoir s’adapter pour accompagner les progrès thérapeutiques tout en prévenant les nouveaux risques infectieux inhérents à ces avancées.

Article publié dans l'édition de septembre 2022 d'Hospitalia à lire ici.






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